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04 \ Quelles actions locales pour les publics éloignés ?

Temps de lecture : 3 minutes


Vaste sujet que celui de cet atelier qui a mobilisé une soixantaine de participants au sein de quatre espaces pour aborder la thématique proposée « Comment mener une action locale efficace pour les personnes les plus éloignées, notamment les publics spécifiques : grands exclus, détenus, gens du voyage, personnes en foyer d’hébergement... ? »

En se prêtant au jeu des personae, les participants ont mené une réflexion collective sur l’accompagnement des publics en difficulté avec les compétences de base, dits « éloignés » des dispositifs de formation en raison de difficultés sociales. Ces publics incluent des personnes détenues, hébergées en foyer-logement, issues de la communauté des gens du voyage, allocataires du RSA, ainsi que des publics « éloignés » en raison de spécificités territoriales ou culturelles, comme les résidents des territoires ultramarins ou ceux vivant en milieu rural.

Plusieurs problématiques étaient posées : les spécificités de ces situations nécessitent-elles un accompagnement particulier ? Les freins rencontrés par ces personnes compliquent-ils encore la remédiation ? Si oui, quels leviers sont mobilisés pour favoriser leur entrée en parcours de remédiation ?


Lever les freins

À y regarder de plus près, les freins évoqués par les différents intervenants sont souvent les mêmes pour toutes les personnes en situation d’illettrisme.

Il semble donc important de travailler avec elles :

La levée des freins « périphériques » pour pouvoir débuter un parcours : mobilité, garde d’enfants, accès à un logement adapté…

La compréhension des dispositifs. Les publics ont le sentiment d’être « perdus » dans tous les dispositifs proposés.

Leur demande réelle, et s’il n’y a pas de demande, la nécessité de travailler sur des motivations ou un projet.

La temporalité de leur accompagnement : les prendre en charge quand ils le demandent, sans risque de les brusquer en allant trop vite, par exemple.


Vers un accompagnement renforcé

L’accompagnement semble être le levier premier pour toute entrée en parcours.

Afin de favoriser l’accès à la formation de ces publics, plusieurs participants ont rappelé l’importance de les soutenir en repartant de la pyramide de Maslow qui hiérarchise les attentes des individus : besoin physiologique, besoin de sécurité, besoin d’appartenance, besoin d’estime, besoin de s’accomplir.

La disponibilité d’esprit de la personne accompagnée est primordiale pour travailler avec elle. Ainsi, les participants ont mentionné l’importance des bilans de santé et la nécessité de vérifier que les conditions matérielles favorables sont réunies (situation financière, solutions de garde d’enfant, logement stable…).

Deuxième levier : les intervenants ont insisté sur la place de la personne qui doit être au cœur de la réflexion. Il est indispensable de comprendre sa situation actuelle et ses motivations sans « plaquer » de préjugés. A également été évoquée l’organisation d’un accompagnement global et la constitution d’un réseau de pairs. Cela nécessite une coordination des acteurs locaux autour de la personne pour lui simplifier le parcours. Il est donc indispensable que les membres de ce maillage aient une bonne connaissance de leur territoire et de ses ressources.

La parentalité apparaît également comme un levier. Afin d’éviter la reproduction des difficultés, un double accompagnement peut s’avérer nécessaire. Autre levier suggéré, les activités culturelles qui peuvent apporter aux personnes une approche valorisante.


Témoignages

Des acteurs accompagnant quotidiennement ces publics dits « éloignés » ont eu l’occasion de témoigner de leurs pratiques :

n Catherine Loiseau, chargée d’ingénierie illettrisme au CLPS (Centre de formation pour adultes en Bretagne) : « mettre à profit le temps de détention pour proposer de
la remédiation et pourquoi pas la certification CléA »
.
Elle permet de préparer des diplômes qui favorisent le retour à l’emploi des détenus à leur sortie, dans le secteur de la restauration par exemple. La rémunération, dès la première heure, est également un levier.

n Medhi Chtioui, coordinateur pédagogique pour la Croix-Rouge à Kourou : s’appuyer sur une pédagogie « français langue seconde » du fait de la créolité du territoire et proposer des parcours « première marche » afin de lever certains freins et sécuriser ainsi l’entrée dans un processus de remédiation.

n Michael Guérin, responsable du pôle formation à la FNASAT (Fédération Nationale des Associations Solidaires d’Action avec les Tsiganes et les gens du voyage) : nécessité « d’aller vers » les personnes de la communauté des gens du voyage, « faire de l’accès aux droits, travailler sur la scolarisation… Cela permet de travailler sur les représentations qu’il peut y avoir du côté des voyageurs et des non-voyageurs ».

n Caroll Weidich, directrice de l’association Mots & Merveilles : proposer un accompagnement global aux personnes en grande difficulté au travers d’ateliers mobilité, théâtre, code de la route, cuisine… Ces temps permettent aux personnes de reprendre confiance et de travailler sur des difficultés du quotidien. Ce travail peut prendre plusieurs mois.
Ce temps est nécessaire pour avancer et les personnes accompagnées peuvent ensuite envisager une remédiation personnalisée avec l’aide d’un bénévole.

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04 \ Quelles actions locales pour les publics éloignés ?

Temps de lecture : 3 minutes


Vaste sujet que celui de cet atelier qui a mobilisé une soixantaine de participants au sein de quatre espaces pour aborder la thématique proposée « Comment mener une action locale efficace pour les personnes les plus éloignées, notamment les publics spécifiques : grands exclus, détenus, gens du voyage, personnes en foyer d’hébergement... ? »

En se prêtant au jeu des personae, les participants ont mené une réflexion collective sur l’accompagnement des publics en difficulté avec les compétences de base, dits « éloignés » des dispositifs de formation en raison de difficultés sociales. Ces publics incluent des personnes détenues, hébergées en foyer-logement, issues de la communauté des gens du voyage, allocataires du RSA, ainsi que des publics « éloignés » en raison de spécificités territoriales ou culturelles, comme les résidents des territoires ultramarins ou ceux vivant en milieu rural.

Plusieurs problématiques étaient posées : les spécificités de ces situations nécessitent-elles un accompagnement particulier ? Les freins rencontrés par ces personnes compliquent-ils encore la remédiation ? Si oui, quels leviers sont mobilisés pour favoriser leur entrée en parcours de remédiation ?


Lever les freins

À y regarder de plus près, les freins évoqués par les différents intervenants sont souvent les mêmes pour toutes les personnes en situation d’illettrisme.

Il semble donc important de travailler avec elles :

La levée des freins « périphériques » pour pouvoir débuter un parcours : mobilité, garde d’enfants, accès à un logement adapté…

La compréhension des dispositifs. Les publics ont le sentiment d’être « perdus » dans tous les dispositifs proposés.

Leur demande réelle, et s’il n’y a pas de demande, la nécessité de travailler sur des motivations ou un projet.

La temporalité de leur accompagnement : les prendre en charge quand ils le demandent, sans risque de les brusquer en allant trop vite, par exemple.


Vers un accompagnement renforcé

L’accompagnement semble être le levier premier pour toute entrée en parcours.

Afin de favoriser l’accès à la formation de ces publics, plusieurs participants ont rappelé l’importance de les soutenir en repartant de la pyramide de Maslow qui hiérarchise les attentes des individus : besoin physiologique, besoin de sécurité, besoin d’appartenance, besoin d’estime, besoin de s’accomplir.

La disponibilité d’esprit de la personne accompagnée est primordiale pour travailler avec elle. Ainsi, les participants ont mentionné l’importance des bilans de santé et la nécessité de vérifier que les conditions matérielles favorables sont réunies (situation financière, solutions de garde d’enfant, logement stable…).

Deuxième levier : les intervenants ont insisté sur la place de la personne qui doit être au cœur de la réflexion. Il est indispensable de comprendre sa situation actuelle et ses motivations sans « plaquer » de préjugés. A également été évoquée l’organisation d’un accompagnement global et la constitution d’un réseau de pairs. Cela nécessite une coordination des acteurs locaux autour de la personne pour lui simplifier le parcours. Il est donc indispensable que les membres de ce maillage aient une bonne connaissance de leur territoire et de ses ressources.

La parentalité apparaît également comme un levier. Afin d’éviter la reproduction des difficultés, un double accompagnement peut s’avérer nécessaire. Autre levier suggéré, les activités culturelles qui peuvent apporter aux personnes une approche valorisante.


Témoignages

Des acteurs accompagnant quotidiennement ces publics dits « éloignés » ont eu l’occasion de témoigner de leurs pratiques :

n Catherine Loiseau, chargée d’ingénierie illettrisme au CLPS (Centre de formation pour adultes en Bretagne) : « mettre à profit le temps de détention pour proposer de
la remédiation et pourquoi pas la certification CléA »
.
Elle permet de préparer des diplômes qui favorisent le retour à l’emploi des détenus à leur sortie, dans le secteur de la restauration par exemple. La rémunération, dès la première heure, est également un levier.

n Medhi Chtioui, coordinateur pédagogique pour la Croix-Rouge à Kourou : s’appuyer sur une pédagogie « français langue seconde » du fait de la créolité du territoire et proposer des parcours « première marche » afin de lever certains freins et sécuriser ainsi l’entrée dans un processus de remédiation.

n Michael Guérin, responsable du pôle formation à la FNASAT (Fédération Nationale des Associations Solidaires d’Action avec les Tsiganes et les gens du voyage) : nécessité « d’aller vers » les personnes de la communauté des gens du voyage, « faire de l’accès aux droits, travailler sur la scolarisation… Cela permet de travailler sur les représentations qu’il peut y avoir du côté des voyageurs et des non-voyageurs ».

n Caroll Weidich, directrice de l’association Mots & Merveilles : proposer un accompagnement global aux personnes en grande difficulté au travers d’ateliers mobilité, théâtre, code de la route, cuisine… Ces temps permettent aux personnes de reprendre confiance et de travailler sur des difficultés du quotidien. Ce travail peut prendre plusieurs mois.
Ce temps est nécessaire pour avancer et les personnes accompagnées peuvent ensuite envisager une remédiation personnalisée avec l’aide d’un bénévole.

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